Huaraz, El Tambo, la Cordillera Blanca

Déjà deux semaines passées à Huaraz et ses environs. Une longue pause après déjà 6 mois de voyage. Autour de nous la Cordillère blanche, ses 6000 enneigés, mais aussi notre hostel, El Tambo, une perle. Et Huaraz, ses jus de fruits, ses pollos à la brasa, ses terrasses… Venez, je vous emmène.

Le 18 juin, nous arrivons à Huaraz en début de soirée, après 30 h de bus, donc forcément bien déphasés et avec une tourista (la première) pour couronner le tout. Sur les conseils de voyageurs (Bastien et Pauline que je salue bien) nous arrivons en taxi à l’hostel El Tambo, caché au fond d’une ruelle un peu glauque. C’est le début d’une histoire d’amour: ici se croisent des alpinistes et des “saltimbanques”, des français (beaucoup), des sud-africains, américains, uruguayens… Tout le monde se croise aux fourneaux, d’où émane en permanence un délicieux fumet, ou sur la terrasse, où il faut se faufiler entre les jongleurs et les fumeurs (un autre fumet bien particulier).

Nous y rencontrons Kat, Thomas, Camille, Roy, Yoris, Margot. Entre chaque excursions de quelques jours en montagne, on se sent à la maison. On cuisine le soir, le matin, des fois toute la journée. On se prépare beurre de cacahuète et Nutella maison, barres de céréales et autres platées de pâtes.

Mais le plus gros kif, chaque jour, c’est de se rendre en bande au mercado central, dans la tienda de Paty, qui nous prépare jus de fruits et “extractos” à la demande. S’il faut rester un mois à Huaraz, c’est parceque c’est le temps qu’il faut pour élaborer le jus parfait, ultime.

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Huaraz, c’est le point d’entrée principal pour la cordillère blanche. Ici, sur 150 km de long, une densité impressionnante de sommets dominés par le Huascaran, à plus de 6700 m.

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C’est donc un terrain de jeu exceptionnel pour alpinistes chevronnés et randonneurs éclairés. Nous nous élaborons donc un petit programme qui ressemble à ça :

Ascension de l’Urus, 5420 m

Étant déjà aclimatés avec une altitude de croisière à plus de 3000 m depuis quelques semaines, nous partons pour la vallée Ishinca pour notre premier contact avec la cordillère blanche. La journée d’approche jusqu’au camp de base nous emmène à travers une forêt enchantée puis une vallée qui ne l’est pas moins. Y coule une rivière à l’eau turquoise provenant des glaciers, où non loin paissent vaches et chevaux.

Nous arrivons au camp de base, au pied du Tocllaraju. Nous sommes montés avec la tente et nous l’installons au milieu des autres tentes de grimpeurs. Nous apercevons notre objectif du lendemain, l’Urus, mais c’est bien le “Toclla” qui est la star de la vallée. Nous rencontrons un guide italien qui vient de rider la face Ouest, après avoir grimpé le sommet en solo. Impressionnante course. L’italien lui est tout cool, et nous lui achetons même des pâtes et du gaz qu’il n’a pas prévu d’utiliser.

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Le lendemain, à 6 h, nous partons dans le pierrier à la frontale, à l’assaut des 1000 m qui nous séparent du sommet.
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En deux heure nous sommes au pied du glacier, et il est temps de chausser les crampons et de prendre son piolet. Dès lors, la marche est beaucoup plus “fun” et nous retrouvons de l’énergie. Cette dernière phase n’est que pur bonheur (et air pur) et nous “sommitons” sans difficulté vers 10 h du matin. Les quelques photos ci-dessous se passent de commentaires.

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Trek Quilcahuanka – Cojup

Boucle de 3 jours permettant de relier la vallée de Quilcahuanka à la vallée de Cojup, en passant par un col à 5000 m. Ces deux vallées sont magnifiques, vierges de toute construction, mais la présence de “vaches à viande” implique des visites régulières de “pastores” qui s’occupent du bétail qui monte à plus de 4500 m d’altitude.
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Toute petite forme pour l’ascension du col, le souffle me manque et nous nous perdons à deux reprises, ce qui nous oblige à traverser quelques bourbiers et à escalader un pierrier qui n’était pas au programme.
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Comme l’effort n’est pas si intense, nous arrivons aux bivouacs de bonne heure, ce qui nous laisse le temps de faire un feu chaque soir.
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Ascension du Yanapaqcha, 5460 m

Pour ce sommet, nous avons pris un guide… enfin un aspirant guide… enfin un futur aspirant guide. Bref, Ale (Alexandro) est italien, vit ici depuis deux ans, a beaucoup d’expérience de la montagne et du matos à nous prêter. Nous partons donc 3 jours avec lui, un pour l’approche, un jour de formation “glacier” et le jour de l’ascension.

Serrés comme des sardines, nous enchaînons 2 colectivos et après une grosse heure de marche, nous arrivons au camp de base vers midi, au pied de la face.
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Après-midi révision des nœuds, techniques de mouflage et rappel des basics de l’alpinisme.
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À 18 h nous sommes sous la tente et bientôt tout le monde ronfle.

J2, nous chaussons les crampons non sans auparavant avoir englouti 150 g d’avoine. Ale nous prépare de bons matés de coca bien sucrés.
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Le matin donc, sur le glacier qui n’est qu’à 10 min de marche du camp, nous avons pratiqué le mouflage (pour sortir un compagnon de cordée d’une crevasse), la technique d’encordage sur glacier et l’escalade de glace. Nous sommes donc prêts pour l’ascension du sommet.
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Malgré sa notation PD+, le Yanapaqcha nous a donné bien des émotions. Levés à 1 h du matin pour un départ à 2 h, nous atteignons le sommet à 6 h. L’ascension à la lumière de la lune, entre séracs et crevasses, est magique. Ale ouvre le chemin, Mat est au milieu et je ferme la marche.
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Au sommet, le soleil se lève alors que nous avons à peine repris nos esprits et notre souffle.
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Les couleurs changent vite, la lune disparaît petit à petit et la mer de nuage vient lécher les crêtes au-dessous de nous.
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Première vraie sortie d’alpinisme hivernal sur glacier et gros plaisir. La recherche d’itinéraire entre les crevasses, les coups de piolet et de crampons pour s’assurer sur les pentes à 50°, les derniers mètres avant d’atteindre le sommet et de découvrir ce qui se cache derrière la montagne… Ça me donne envie de partir explorer les Alpes en prenant un peu de hauteur 😉

Quel belle découverte que Huaraz et ses sommets. Contact rapproché avec l’univers de la montagne, la vraie, celle qui fascine et qui, parfois, emporte.
Il est temps maintenant d’aller découvrir une autre cordillère un peu plus au sud, pour un trekking d’une grosse semaine dans la cordillère de Huayhuash.

Un commentaire

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  1. Charles · juillet 4, 2015

    C’est super ! Les photos sont magnifiques. Je sais que tu en profites a fond !
    Sinon, c’est un peu homophobe la notation PD+ non ? On est en 2015, merde ! 😀

    • simontchik · juillet 4, 2015

      C’est pas moi qui fait les cotations d’escalade. Sinon j’aurai choisi des couleurs, genre rose, fushia, emeraude…

  2. Jean-François · juillet 4, 2015

    Bravo! Je pars pour Chamonix demain. Avec un entrainement pareil, le massif du Mont Blanc sera un jardin d’enfant pour toi à ton retour!

    • simontchik · juillet 4, 2015

      Sais-tu qu’il y a un eperon Croz pas loin des aiguilles de Cham ?
      Profites bien cousin.

  3. Croz Geneviève · juillet 4, 2015

    On est des petits joueurs à flirter avec la Vallée de Cham… en voiture…
    Quand même, à défaut de hauts sommets, on dévale avec délectation les décennies pour un hommage appuyé à Michel Croz.
    Vertige, juste à regarder ces performances sportives si joliment mises en images. Pas d’imprudences, hein? L’ivresse de l’altitude, le goût de la performance, les limites sans cesse repoussées…
    T’es formidable Sim!