Por casualidad

La “casualidad”, c’est en espagnol le hasard. Le hasard a fait que mon ami Julien avait un ami, Jonathan (Joni) , qui mène un chantier de bioconstruction, à Santa Elena, à côté de Medellin, sur une propriété qu’on appelle “La casualidad”. Le projet s’appelle Arte y Tierra, et comme disait Rulo, “más Arte que Tierra… Loco”!!!

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Au milieu de la campagne qui surplombe Medellin, au milieu d’un chemin de terre, un panneau indique” la Casualidad”. Je rentre sur la pointe des pieds, pas sûr de mon coup, et suis accueilli par Oscar, l’architecte. Il me montre le chantier puis m’indique une autre maison, à côté, où je retrouve Joni, Luisa et leur fille Aura, tous au lit… Ça sent l’amour, la tranquillité.

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Le terrain appartient à un suisse qui vit à Medellin. La maison qui s’y trouve nous sert de dortoir, de cuisine et de lieu de vie. Le chantier, à quelque mètres de là, c’est la nouvelle maison que le propriétaire se construit, ayant confié la construction à Joni, qui s’entoure lui-même d’amis et de volontaires. Le projet Arte y Tierra, c’est donc la construction, en mode participatif, et l’organisation mensuelle de workshop, le temps d’un week-end, pour allier pratique et théorie.

Je partage donc ces deux semaines avec des gens qui ont pour projet de construire leur maison de cette manière (j’y reviendrai), des curieux, des français, colombiens, argentins, un architecte… bref, tout une bande de joyeux lurons qui partagent la conviction qu’on peut se construire sa maison avec des matériaux et des techniques qui respectent l’environnement, pendant la construction mais aussi à l’utilisation (une sorte de TCO, pour les aficionados).

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La vie en communauté est organisée autour de roulements par équipe, où chacun à notre tour préparons le desayuno, le refresco du matin, l’almuerzo, le refresco de l’après midi et la cena.

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On cuisine avec des produits naturels et souvent bio. C’est créatif, préparé avec amour… “que rico”.

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La première semaine, on lève des troncs de 7 mètres de haut, à l’aide d’un palan mais surtout à la force de nos bras. Chacun y va de son avis, on essaye, on change de technique, qui s’améliore à chaque tronc. Je regarde, j’apprend, je participe, je me fatigue. Tout cela en se marrant bien, sous un soleil de plomb, au son de la compil “Zorin con zeta”.

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Du sable, des pierres, du ciment, de l’eau, du sable, du ciment, des pierres… Fixer les barres de fer, remplir les tranchées, la bétoneuse qui nous lâche, on fait le mélange à la main. Manger pour prendre des forces, beaucoup, boire, puis recommencer. Ça fait du bien de faire fonctionner sa carcasse, et on voit le travail qui avance, la structure qui prend forme.
Se laver, échanger, manger, dormir.

“On compte les jours en tronc d’arbes”.
Nous en montons une bonne dizaine en une journée, depuis la forêt qui se trouve tout en bas du terrain. Avec des sangles, sur les épaules, comme on peut. Moments de connivence avec Markus, Rulo et Joni, nos machettes et la tronçonneuse, alors que les filles sont affairées à la réalisation d’un totem et les finitions des toilettes sèches.

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Le week-end, je m’éclipse à Medellin, où je retrouve Clément et son tee-shirt de l’équipe de France, un ami de l’époque grenobloise, qui a ouvert une pizzeria. Je passe la soirée avec un couple de français, Nina et Fabrice, qui ont tout lâché pour ouvrir un Hostel, et faire un bébé qui doit arriver… le jour même.

Puis retour à Santa Elena pour une nouvelle semaine qui commence à la Casualidad. Plaisir de retrouver les copains et de remettre la main à la pâte. On a encore des troncs à monter de la forêt et surtout à installer les premières poutres horizontales.

On paufine donc la technique de levage de tronc, cette fois aidés d’échafaudages, certes plus que douteux, mais dans lesquels nous faisons les singes toute la journée. Les “étages” de l’échafaudage sont fait de branches fixés avec du fil de fer. C’est pas très HSE, mais ça tient. On improvise avec ce que l’on a, en étant pragmatique.

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C’est un  chouette bordel et j’apprécie d’être dehors, en équipe, d’abattre du travail. Je ne vois pas le temps passer et c’est la nuit tombante qui nous chasse du chantier.

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Des moments uniques avec des gens uniques : le soleil qui se couche vu depuis le haut de l’échafaudage , l’appel quotidien au petit déjeuner, les “hugs” quotidiens pour se réveiller, le rythme synchronisé des porteurs de troncs, les débats incessants sur la meilleur technique pour ceci ou cela, la musique de Rulo, de Giovana ou la compil “Zorin con zeta”…

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Cette vie en communauté, simple, autour d’un projet aux valeurs forte. Certains l’ont choisi comme projet de vie, moi je ne fais que l’entrevoir pendant quelques jours. Je sens que nous avons des passés différents mais qu’il sort quelque chose de bon de ces jours passés ensemble. Et ça me donne plein de nouvelles idées !!!

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Mais déjà il faut partir, car je dois attraper un avion qui m’amène sur la côte caraïbes, où je vais terminer mon voyage en Colombie au contact d’autres éléments. Après la “Tierra” , c’est donc dans l’eau et dans les airs que m’attendent mes prochaines aventures.

Un commentaire

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  1. jldx32015 · octobre 18, 2015

    En Europe occidentale c’est l’automne, le ciel est bas. Et Simon nous parle d’un printemps plein de soleil et de jeunesse, d’énergie constructive et d’horizons qui changent chaque semaine. Le meilleur stimulant pour affronter l’hiver!