Sur al Norte, Cabo de la Vela…

Quand j’arrive à Cabo de la Vela, ça me rappelle un mélange de Burning Man, de Maroc et de Burkina. À l’arrière d’un 4×4, debout cramponné au toit, le désert et ses arbres plats, habitués à la sécheresse, défilent devant moi.

image

La piste est cahoteuse et cela fait quelques heures que j’ai quitté le bitume. Elle dessert quelques habitations éparses, puis se rapprochant de la côte, on aperçoit les caraïbes, les bleus turquoises de la mer. Les pélicans. Et finalement la plage… et les voiles…

Cabo de la Vela, c’est à l’extrême nord de la Colombie, à l’extrême nord de l’Amérique du Sud. Ça fait un bon bout de chemin depuis Ushuaïa, à l’extrême sud du continent.

Ici, le vent souffle de la terre vers la mer, toute la journée, tous les jours que Dieu fait. Il y a un paradis pour les kitesurfers, et il est peut-être ici. Par étonnant que Mat s’y soit arrêté. J’arrive sur la plage et je le distingue au loin, silhouette familière après tous ces mois passés ensemble sur la route. Il m’aperçoit, tire un bord et me rejoins sur la plage. Il m’attendait ces jours, mais, sans prévenir, c’est aujourd’hui que j’arrive.

image

À Cabo de la Vela, le Kitesurf est la seule activité qui semble consommer de l’énergie. À part ça, tout se fait au ralenti, à la cool, à part peut-être le manège des motos taxis. Nous vivons dans des cases, l’électricité est à peu près au niveau d’Edison, pour rafraîchir les bières la glace vient de la ville la plus proche, à 2h de 4×4, les pêcheurs reviennent à la rame…
Ç’est si simple et la vie ici ne doit pas être souvent troublée.

image

Entre chaque session de kite, nous faisons la sieste, Mat organise le club de kite (ah oui, il est ici instructeur de kite. C’est mon prof !), le proprio papillonne, nous tentons de pêcher au harpon. Mat, “Mateo” connaît tout le monde et tout le monde le connaît. C’est le “Gringo” qui attise les curiosités. Il me semble à sa place, comme à la maison.

image

Je comprends son désir de rester ici: il fait beau, chaud, les gens sont adorables. C’est une occasion unique de faire du kite toute la journée, journée qui se termine systématiquement par un coucher de soleil “à se taper l’cul par terre” comme on dit dans l’Valais suisse. La bière de contrebande vient du Venezuela et coûte moins cher que l’eau. Pas de douche mais un seau d’eau comme au Burkina. Un hamac pour dormir. Todo bien.

image

Le matin, un gars tire une charrette de légumes. Puis vient son père qui tire une charrette de jus, d’empanadas et de “papas rellenas” . C’est notre petit-déjeuner, que nous guettons au loin depuis le club. Notre alimentation est simple et frugale mais on s’offre quelques langoustes (celles que les pêcheurs rapportent le matin à la rame). Délice des yeux, délice des papilles.

image

La veille de mon départ, c’est l’anniversaire de Mat et la fête qui se prépare fait passer mes 12 heures de cours de kite pour un prétexte à ma venue à Cabo de la Vela.

Pour la fiesta, Andres, le proprio du club de kite, revient de la ville avec 2 chèvres, 20 litres de coca, 5 kg de farine de maïs et un gros gâteau, bien fluo. La nuit tombe et les chèvres sont encore en vie mais la belle-famille d’Andres s’en occupe promptement.

image

Joal prépare les quenelles de maïs et avec Juan Carlos, nos démarrons le barbecue, dans un trou de sable, sur la plage.

Mono, un môme tellement attachant d’une dizaine d’année, nous apporte la viande à faire cuire, tandis que les autres enfants du village, tout excités, papillonnent et jouent autour de nous.

image

Les caisses de polar, la bière venezuelienne, se vident et les estomacs se remplissent. Le coca coule à flot.

image

Pour ces gens qui ont peu, un repas de fête est vécu avec beaucoup d’intensité car, pour une fois, les enfants mangent et boivent à leur faim tandis que les adultes s’alcoolisent. Moi je fais les deux 😉

image

C’est un beau cadeau que Mat offre aux gens qui partagent son quotidien.

image

Aux alentours de 3h du matin, nous terminons la soirée sur la plage. Puis vient le moment des adieux, des au revoir, des “hasta luego hermano”. Mat va rester ici quelques semaines mais moi, je dois prendre un 4×4 à 5h du matin.

C’est le chauffeur qui vient me tirer du hamac car bien sûr, je n’ai pas entendu mon réveil. Le soleil n’est pas encore levé sur le désert de la Guajira…

Je lutte contre le sommeil et les cahots de la route. Je la regarde qui défile derrière moi et repense à ces 9 mois sur le continent sud-américain. 9 mois de découvertes, d’expériences, de sport, de rencontres. C’est long et c’est court.

Le lendemain je suis à l’aéroport de Cartagena. Il est 9h, boarding, adiós America del Sud. Nos vemos!!!

Un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

  1. Michael · octobre 23, 2015

    Hola Simon je t’ai suivi depuis Ushuaia ça m’a fait beaucoup de plaisir de te lire et de t’accompagner ! Continue comme ça! Pour la suite: SUERTE! Michael

  2. pcroz · octobre 23, 2015

    C’est sûr que Cuba après ça, c’est le choc des cultures 😉

  3. wtmat · octobre 23, 2015

    A reblogué ceci sur Mat tramps.