Trek dans les Yungas

Autour de La Paz, se trouvent les Yungas, Sud et Nord. Paysages et climat radicalement différents de la capitale, plusieurs Treks les traversent, entre 4600 et 1700 m. Plongée au cœur de la civilisation Inca via le camino Takesi.

Takesi, Sud Yungas

Tak, et si je me le faisais celui-là. Et tout seul en plus.
À peine retrouvé Mat après l’intermède “copines”, je le laisse à la capitale et me dirige à Uni, 2 h de La Paz, en fait juste une “banlieue” éloignée.
Ici pour faire un Trek tout seul, il faut d’abord trouver une carte, pas trop vieille et avec suffisamment de détails. Oubliez les cartes IGN, ça n’existe pas ici.
Ensuite, ne pas écouter les conseils, qui vous disent que c’est dangereux et qu’il faut y aller avec un guide. D’une, ils font du business, et de deux, ils n’ont pas la même culture de la montagne qu’en Europe.
Enfin, trouver des renseignements fiables sur les transports en commun. Où, quand et à quel prix ?

Une fois ces 3 points validés, y’a plus qu’à. Je me retrouve donc lundi matin, vers 11 h, devant ce paysage.

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Au premier plan, les blés, récoltés à la main, pour le côté typique. Derrière, le canyon de Palca, étape de la journée. Et au fond le Illimani, un 6000 m que l’on voit même depuis La Paz.

S’en suit une bonne descente à travers champs avant de pénétrer ce canyon, qui n’est qu’une mise en jambe avant le Camino de Takesi.

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Je termine ma journée de marche à Choquekhota et pose ma tente sur le terrain de football. On m’annonce qu’il va geler cette nuit, glagla. Effectivement le ciel est dégagé, ça s’annonce frisquet.

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Au réveil, mon double toit a gelé, et lorsque j’ouvre la tente, de la glace me tombe dessus. On est à 3900 m.

Je me mets en route à la fraîche et longe de petites parcelles où travaillent femmes et hommes à la récolte de blé, quinoa, avoine et autres.

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Après une bonne heure, je trouve enfin l’embranchement : à gauche la mine de San Francisco, et à droite le chemin de Takesi.

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Ce chemin, c’est en fait ce qu’il reste d’une route piétonne datant de l’époque Inca. En effet, ces derniers avaient au fil des siècles (pas plus de 3, ils n’ont pas duré si longtemps ces p’tits gars) construit tout un réseau de chemins à travers les Andes. Ils servaient bien sûr aux échanges et transport de marchandises, mais surtout étaient “courus” par des messagers, de poste en poste, entre provinces et capitale.
En effet, si doués étaient les incas en astrologie, ils n’avaient pourtant pas d’écriture, et c’est donc selon le bon vieux principe du téléphone arabe qu’ils communiquaient. Pratique pour gérer tout un empire…

Moi je ne cours pas, et je lutte bien pour atteindre le col à plus de 4600 m. Je mâche un peu de coca et bois du Pepsi pour me donner la pêche. D’en haut la vue est splendide, malgré un bon vieux tuyau qui traverse le paysage pour amener de l’air comprimé aux mineurs, car ici aussi ça creuse.

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Le temps de reprendre mon souffle et je suis rattrapé par Giovani, un Sicilien, qui fait aussi le chemin tout seul, le ouf. Nous descendons ensemble vers Takesi, environ 1000 m plus bas.

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  1. Il a, dans son petit sac à dos, 10 empanadas au fromage et un duvet confort +7°C. Je suis en admiration, car vous connaissez maintenant ma propension à me charger comme une mule avec de la nourriture pour une semaine. Pour la peine, je lui offre un œuf et un peu d’avocat.

Nous arrivons à Takesi, sorte de village d’Astérix, transposé dans la campagne écossaise, mais à 4000 m d’altitude. Nous discutons avec une femme qui surveille ses patates.

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Nos chemins se séparent un peu plus bas car Giovani est pressé, et moi j’ai trouvé mon Eden pour la soirée.

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Oh surprise, en déplaçant quelques pierres pour faire un feu, je découvre une tarentule qui remplirait aisément la paume de ma main. Heureusement, dans la tente, rien ne peut vous arriver. En plus, je suis toujours surveillé par les lamas.

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Le lendemain m’attendent 2000 m de descente. La nature change vite et je croise tout un tas d’oiseaux, notamment des colibris. Je suis fasciné par la vélocité de ces petits animaux et me tiens prêt à dégainer mon zoom à chaque instant. Attention, séquence oiseaux :

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J’arrive donc petit à petit dans la selva, chaude et humide. La végétation reprend ses droits, la brume rôde au-dessus de ma tête et le chemin inca devient plus glissant.

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Ça fait un moment que je n’ai pas marché et j’accuse le coup en arrivant en bas, à Chojlla. C’est mignon, mais malheureusement, une mine plombe l’ambiance. D’abord parce que le monticule de gravats extrait de la montagne fait tache dans le paysage, mais surtout parce qu’après la mine, l’eau n’est plus aussi limpide qu’auparavant.

Avec l’espoir d’attraper un hypothétique bus à 14 h, je cours presque dans l’ultime montée. Pas de bus aujourd’hui, je passe donc la soirée dans le charmant village de Yanacachi.

Le bus de 13 h 30 qui doit mettre deux heure part à 14 h 30 et mettra 3 h ! Trajet épique, à partager mon siège avec un vieillard de 88 ans. La route, taillée dans la montagne, suspendue au-dessus du vide, nous fait remonter les 3000 m de dénivelé jusqu’à La Paz. J’y retrouve Mat pour préparer la suite des réjouissances.

5 commentaires

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  1. Croz Geneviève · mai 22, 2015

    Toutes ces randos tonifient mes muscles embourgeoisés et quelque peu oisifs. Toujours de superbes photos et des commentaires passionnants. Merci Sim de nourrir notre imazginaire.

  2. Croz Geneviève · mai 22, 2015

    notre… imaGinaire…

  3. jaimelabrousse · mai 22, 2015

    Chouette récit ! Ca donne envie 😉 On aurait pu se croiser du côté de Coroico, où on a eu l’impression de revivre quelques jours sous le climat calédonien. Bluffant. Bonne route Simon et belles aventures…

  4. SimonT · mai 22, 2015

    Un de mes plus beaux souvenirs de trek, pour sur est le Yungas Cruz – 5 jours de marche avec une fine equipe de Frenchies rencontree a La Paz en 2008. Fantastique ! avec des paysages a couper le souffle et une arrivee au milieu des orangers et des plantations de coca memorables. Suite a la lecture de ton recit je me suis replonge 7 ans plus tard dans les photos de cette magnifique aventure ! Profites et prends soin de toi Sim! des bises de Jordanie.

  5. Charles Crié · mai 22, 2015

    En déroulant ton blog, un colibri a bougé la queue, j’ai cru qu’il allait s’envoler !
    Keep on ToyToy