Le café de Colombie, “c’est une petite sauterie !”

Lundi matin, ouverture d’un centre commercial “Jumbo”, aux limites du centre de Bogotá. J’ai rendez-vous avec Erika, qui exploite une petite” Finca” de café. Seul sur mon banc, j’attends. Je suis rejoint par Suso, océanographe espagnol qui lui aussi vient se mettre au vert une semaine et apprendre à faire du café.

Puis vient Erika, avec son chat et son pickup. Elle nous avait donné rendez-vous ici car c’est là qu’elle vient acheter la nourriture que nous cuisinerons cette semaine. Nous roulons 3 heures vers des températures plus clémentes, car à Bogotá il fait froid. En chemin, divers stops plus ou moins longs, pour charger des plantes, manger, palabrer avec des connaissances.

La Finca est grande et délabrée, à la fois vide et pleine de “chenis” et nous passons un moment à nettoyer et arranger nos chambres respectives. La mienne me plait déjà, dans sa simplicité qui en fait tout son charme.

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Ici poussent bananes, platano, café, bambous et diverses plantes exotiques. Nous dominons une petite vallée où coule une modeste rivière mais le paysage est sec, apparemment plus que d’habitude. De l’autre côté de la vallée, d’autres maisons dont la Finca d’Alberto, qui lui s’occupe des vaches et des bananes.

Chaque matin, nous nous levons à l’aurore et nous prenons un petit déjeuner d’avoine (souvenirs de nos treks et pensée quotidienne à Mat) après avoir arrosé le jardin, à la fraîche. Ensuite viennent diverses activités de la ferme (compost, tonte de la pelouse et des mauvaises herbes à la machette, nourrir l’oie, traire les vaches, emballer les régimes de bananes, sécher les platanos pour en faire de la farine…) et, bien sûr, le café.

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Le café ici pousse à l’abri des grandes feuilles des bananiers, un équilibre naturel. Aucun produit chimique n’intervient dans sa croissance, mais elle n’a pas le label bio car ça coûte trop cher.

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Les grains ont déjà été récoltés, fermentés et séchés. Notre travail consiste donc à les écraser pour ôter la peau, les nettoyer, et à la main, enlever les mauvais grains.
Ensuite il faut les toaster, à la poêle et au feu de bois. Il faut près d’une demie heure pour toaster à peine 2 kilos de grains. Chaleur…

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Nouvelle étape de nettoyage puis il n’y a plus qu’à moudre les grains et les mettre en sachets.

Le process de fabrication d’Erika, artisanal, est loin d’être optimisé et avec Suso, nous tentons de l’améliorer, en luttant parfois contre Erika.

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Encore une fois, je repense aux grosses machines que j’achetais, pour faire le même boulot mais à une échelle industrielle.

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Au moins ici on sait pourquoi on transpire car à la fin de la journée, c’est une dizaine de kilos de café moulu que nous avons emballée.

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Pas d’Internet, pas de superflu. Je savoure, parfois dans le hamac, ces moments et m’imagine avec un potager dans le Trièves ou dans la Drôme…

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Le dernier jour, nous emballons avec Alberto les régimes de bananes dans de grands sacs en plastique pour accélérer la maturation. À la machette, du haut d’une échelle en bois soutenue par deux d’entre nous, il faut couper la fleur, puis éviter que la sève collante nous tombe dessus, tout en emballant le régime d’un sac plastique.

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L’après-midi, on lave le café, ce qui est chiant, nous semble inutile mais c’est toutefois bon pour la méditation.

Le soir Alberto, sa fille Géraldine et son beau-frère nous rejoignent pour partager bières et chips de platanos préparées par Suso. C’est la première fois qu’Alberto partage un moment avec des volontaires venus aider Erika. Moments simples d’échange, curiosité partagée. Nous sommes de deux mondes différents, mais sommes tous sur la même planète, la même longueur d’onde, dans ce lieu, à ce moment présent.

Sa femme l’appelle sur son portable, deux fois. Il ne répond pas mais file, bien vite, à cheval avant la tombée de la nuit et l’apparition de la lune, pleine, qui cette nuit illuminera la vallée d’une lumière toute particulière.

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Le lendemain, il est temps de partir. Après une dernière bière avec Suso, je saute dans une camionnette qui me déposera une heure plus tard à Honda. J’ai le temps pour un poisson “sudado”, une des spécialités du coin. Je me retrouve au KZ, au bord du rio, léger vent, pleine lune et reflets argentés, soupe de poisson, sourires de la serveuse, Club Colombia Dorada (la bière standard)… délicieux moment.

Je pars en bus de nuit pour Medellin, d’où je me rendrai à “la Casualidad”, pour 2 semaines de bioconstruction avec une chouette bande de joyeux lurons.

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