En choisissant le stop comme moyen de déplacement privilégié, notre partition au nord de l’Argentine s’improvise comme un standard entre les mains d’un jazzman. D’Iguazu à Jujuy, certes, mais quelles surprises… et sans fausses notes. 1500km de rencontres, d’étonnements, de découvertes.
Après avoir retrouvé Mat presque par hasard dans le parc Esteros del Ibera, à 4h de transport de Mercedes où je vous avais laissés il y a quelques semaines, nous entreprenons de quitter le parc par le nord. Impossible, c’est une piste de sable, peu parcourue, sans “servicios” de transport. Nous repartons donc sur nos pas vers Mercedes mais personne ne nous prend en stop. A la nuit tombée (je vous rappelle que nous sommes à 4h de route de la première ville), nous frappons à une estancia dans l’espoir de planter notre tente ailleurs qu’aux abords de marécages où rôdent alligators et carpinchos. On nous offre un lit, 2 bons kilos de milanesa maison et du vin.
En prime, nos hôtes négocient le tarif argentin pour le bus vers Mercedes que nous prenons à 4h30 du matin, après une courte nuit à digérer les milanesa.
Nous quittons Mercedes en stop sans encombre, mais après une après-midi infructueuse (qui finira à la tombée de la nuit, sous un échangeur d’autoroute à lever le pouce alors que les voitures passent à toute berzingue) nous échouons au terminal de bus d’une ville frontière malfamée, Paso de los libres.
Sauvés par notre pouvoir d’achat, nous embarquons dans un bus pour Iguazu et nous nous réveillons le lendemain matin dans la jungle, au nord de Misiones, dans la ville de Puerto Iguazú.
Je passe rapidement sur les cascades d’Iguazú, en vous disant que c’est tout simplement une merveille du monde à ne pas manquer : une densité de cascades impressionantes dans un parc à la logistique toute aussi impressionnante.
D’après Wikipedia, jusqu’à 6 millions de litres d’eau par seconde. Je vous passe le bruit et les embruns.
C’est magnifique et nous passons une journée dans le parc.
S’en suivent deux semaines de stop (et de quelques colectivos, je l’avoue) pendant lesquelles nous allons parcourir plus de 1500 km, entre Iguazú et Jujuy. Et là, chaque matin, on ne sait jamais où on va se retrouver pour dormir. Dans les grandes lignes ça se passe comment ? Comme ça…
En camion, en pick-up, en berline… Tous les moyens sont bons et les avantages variés.
Tout d’abord les camions. Ici les camionneurs (ceux qui s’arrêtent en tout cas) sont muy sympathique. Menant la plupart du temps une vie de famille simple, ils ont souvent vu plus d’Argentine que nous, mais rarement d’autres pays. Ils voyagent parfois en famille et offrent souvent le picnic.
La vue, surélevée, permet d’admirer les champs de culture intensive de la région de Chaco et la vitesse maximale de 80 km (lorsque la route le permet) permet de bien discuter.
Ensuite les pick-up. Là, c’est le must, la liberté, les cheveux dans le vent à l’arrière du pick-up.
Il suffit de se mettre la doudoune sous les fesses et d’avoir la goretex pas loin en cas de pluie, et c’est parti, à 120km/heure.
Statistiquement, on perd quelques années d’espérance de vie, mais quel bonheur. Ici les routes sont souvent bien droites, genre jusqu’à l’horizon, et avec un peu de musique dans les oreilles, c’est Easy Rider baby.
En berline, ce sont souvent les couples en vacances. Ça permet de faire un peu de tourisme avec eux, de bien discuter dans l’ambiance cosy de l’intérieur et de se faire une bonne sieste si nécessaire.
Parfois, surtout pour sortir des villes, nous prenons des bus. Ici ça s’appelle aussi collectivo, micro, camioneta…
Les transports sont relativement bon marché, et ça permet de retrouver le moral après quelques heures de stop infructueuses.
Le principe aussi, c’est qu’on ne sait pas à l’avance où l’on va arriver. On se fait déposer à un croisement, on croit que ça passe… mais ça passe pas.
Alors on se retrouve à camper dans des endroits un peu bizarres, genre des stations services. D’ailleurs c’est souvent mieux que pas mal de camping, il y a l’eau chaude, le Wi-Fi, de la lumière et de l’animation.
Ou encore à camper au pied d’un christ de 28 m de haut, alors qu’il est écrit sur la pelouse “prohibido de acampar”.
Le stop, c’est surtout toutes les infos qu’il n’y a pas dans le routard. Nous découvrons par exemple Famaillá, capitale de l’empanadas où s’organise chaque année un concours très sérieux (nous avons d’ailleurs goûté celles d’une multiple championne, toutes catégories confondues).
Ou encore comment manger un completo (sorte de hot-dog) bien garni avec un verre de coca pour 12 pesos, soit un euro.
Ou encore une balade en kayak improvisée sur un lac tout mignon.
Ou encore comment visiter Amaicha del Valle et sa cascade ainsi que les ruines de Quilmes, tout cela en chemin pour cachi.
Depuis Iguazú nous sommes donc passés par :
San Ignacio (le 4 avril) et ses ruines jésuites que nous ne verrons pas
Resistencia et son camping tellement sale que “même pas j’me lave les dents”
Pampa de los guanacos et sa station essence
Joaquín V. González et sa station essence
Tafi del Valle, ses montagnes et son Hostel super cool
Cafayate, ses vins, ses meilleurs empanadas du voyage et sa quebradas
Cachi, la recta de tintin et la valle encantado
La Caldera et son christ rédempteur
Et enfin Purmamarca et son cerro de sietes colores, d’où je vous écris ces quelques lignes.
2 semaines, c’est souvent le temps que l’on s’offre en vacances, pour visiter un pays avant de reprendre le boulot avec ses “batteries rechargés”. Le voyage c’est autre chose, ceux qui l’ont fait savent de quoi je parle. Pour les autres, vous savez ce qu’il vous reste à faire ? 😉
En attendant, profitez bien de votre week-end, de vos familles et de vos amis. Je pense bien à vous depuis l’autre bout du monde.
From Argentina, with love.
Salut Simon, merci pour tes nouvelles, c’est ….. dépaysant et vraiment sympa !
En route vers de nouvelles aventures !
joël
Salut cousin
génial ton voyage et c’est bien écrit, il y a du style (c’est le prof de lettres qui parle).
Les vues du Fitz Roy sont uperbes. A propos, Arte a passé un doc sur la première du Cervin au début du mois…
A plus
Jean-François
Merci. Avec tous les profs dans la famille, je dois faire attention 😉 En plus je me fais plaisir. A bientôt !!
Salut content que vous profitiez bien , continuez comme ça , les photos sont superbes, avec beaucoup d’ambiance, le récit permet de s’imprégner de l’ambiance, mais suffisamment court pour ne pas se décourager à lire. A+ à tout les 2, nous ici le ski est fini, on commence le vtt et le kite.