San Cristóbal, comme dans un conte

Parce que j’ai découvert la ville au petit matin, après une courte nuit. Parce que c’était le dia de muertos, le jour des morts. Grâce aux gens avec qui j’ai partagé ces quelques jours, San Cristóbal de las casas restera un grand souvenir du Mexique.

Après la laguna Miramar, direction San Cristóbal de las casas, ville coloniale, une des principales de la région du Chiapas. Après une nuit agitée (5h de minivan avec un enfant de 10 ans qui dort sur mes genoux, puis 1h avec un adulte qui dort sur mon épaule), j’arrive au terminal de bus de San Cris’ à l’heure du petit-déjeuner et goûte aux tamales et autres boissons locales.
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Installé dans un hostel bon marché où les mexicains de mon dortoir dorment tout habillés (le mezcal a dû couler à flot la veille), je pars à la découverte de la ville, très jolie, où règne une ambiance estivale et déjà festive, à la veille du week-end qui s’annonce.

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Dans les rues de nombreux touristes partent à la découverte des églises de la ville, du patrimoine architectural et d’autres secrets qui ne m’ont pas été révélés.

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Moi j’attends le soir, et me retrouve au Paliacate (le nom du foulard que portent les zapatistes), un bar arty bien tranquille où ce soir, on écoute des contes d’horreur. Une petite troupe, maquillée en morts et squelettes pour l’occasion, conte des histoires horrifiques de Poe et autres auteurs. Je ne comprends pas tout, mais j’apprécie la performance, tout en décelant chez Magali (une des conteuses), un petit accent français. Après le spectacle, nous faisons connaissance et je me joins à leur table, avec Géraldine (une française amie de Magali), Salvador le conteur et Mireille, son amie qui les accompagne en musique.

Nous partons ensemble ensuite au Dada, un bar jazz où ce soir joue Alain Brunet, un trompettiste français de renom. Le groupe qui l’accompagne est mexicain et le pianiste est l’ami de Magali. Concert exceptionnel, ambiance chaleureuse, impros de malade, mezcal de gusano (le petit ver qui se balade au fond). Nous y rejoignons d’autres amis puis terminons cette soirée au Revo’ (révolution), un bar où se mélangent mexicains et touristes. Lorsque les premiers poings fusent, je rentre à l’hostel, courageux mais pas téméraire.

Avec Magali, Salvador et Mireille, je découvre le monde des “histoires” et des conteurs. Je les retrouve samedi soir dans un café, puis dimanche après-midi sur la place centrale. C’est chouette d’écouter des histoire, ça me replonge en enfance et me rappelle les contes et histoires qui ont marqué cette époque, notamment une histoire de trois squelettes, qui est de bon ton en ce week-end halloween.

La journée, ce sont plutôt des histoires pour enfants, mais qui n’en sont pas moins captivantes. Plus que des contes, ce sont des Kamishibai, une manière de raconter des histoires venue du Japon, où le support visuel est une série de dessins que le conteur fait défiler au fur et à mesure.
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Magali nous raconte l’histoire de la tortue qui voulait savoir le goût de la lune, ou encore de la chenille qui avait un rêve :
“- A donde te vas amiga mía, tan deprisa?
– Ah, no sabes? Me voy atrás de la colina, realizar mi gran sueño. ”
Je suis sous le charme 😉

Bon et puis sinon, la fête des morts ici au Mexique, c’est une fête pas comme les autres, à l’opposé de notre morose Toussaint. Tout le monde se retrouve au panteón (le cimetière), en famille, et partage repas et aguardiente au son des mariachi. Ces derniers reprennent les chansons préférées des défunts. Pour l’occasion, les cimetières sont magnifiques, colorés. Les tombes sont ornées de fleurs et couvertes de pétales orange. A la tombé du jour, les bougies viennent éclairer d’une lumière tamisée les mexicains qui, bien souvent, vont passer la nuit au panteón.
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Nous traversons le panteón, parfois en marchant sur les tombes, ce qui me met un peu mal à l’aise. Mais dans ces moments là, il faut oublier ses principes et accepter de se laisser guider par les pratiques locales.

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A San Juan Chamula, la comunidad fait perdurer des traditions fortes pour ce dia de muertos. Nous visitons l’église du village, au sein de laquelle règne une ambiance unique: les femmes sont assises entre elles et les hommes, debout,  vêtus de  peaux de moutons, se préparent à jouer de la musique. Nous partageons nourriture et boissons traditionnelles. Les hommes fument, crachent parfois par terre. Puis la procession se met en route, au son d’instruments traditionnels et dans un nuage d’encens.
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Dehors, le temps se gâte. De l’extérieur, les gens font la queue pour faire sonner les trois cloches en tirant comme des mules sur de longues cordes. Les vieux allument pétards et feux d’artifices à tour de bras, comme des gamins. Une ambiance unique.

Puis il faut partir, dire au revoir, peut-être à bientôt. C’est le revers de la médaille lorsqu’on voyage. La vie est courte et le Monde est grand, mais on se dit qu’on se reverra. Nous sommes lundi soir, je quitte San Cristóbal, le cœur lourd, mais riche de belles rencontres. Encore un bus de nuit qui m’emmène à Potchutla d’où je rejoindrai le lendemain Mazunte pour de nouvelles aventures.

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