État de grâce dans les montagnes autour de Bariloche

Encore des kilomètres à pied devant nous avec gros dénivelés, refuges, lacs de montagne, bivouac et escalade. Une des plus belle rando du voyage avec la traversée du massif qui surplombe Bariloche.

Nous arrivons dimanche soir à 22 h, les sacs remplis de bouffe (on va se faire plaisir cette fois). Nous sommes déposés par le bus, dans le noir, le long de la ruta cuarenta, à 10 km de Bariloche. Nous pénétrons dans la première habitation allumée qui est en fait un petit commerce. Nous y faisons la connaissance de Jorge qui nous emmène en 2CV sur son terrain où nous allons camper. Il nous parle de la vie, de sa vie, de gnomes et du futur qu’il voit très sombre pour l’Europe.

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Au lendemain, en 2 coups de stop nous sommes à Villa Catedral, la station de ski du coin, qui ne déroge pas à la coutume : un grand parking, de la publicité partout et un bar qui crache de la house. Nous partons sous un soleil de plomb pour 4 h de marche vers le refuge Frey dont nous avons beaucoup entendu parler. C’est un spot de grimpe, dont les grande voies surplombent un lac de montagne autour duquel est niché le refuge, au milieu d’un cirque de caillasse. C’est chouette, on se baigne, on mange bien et on se couche tôt.

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Nous partons pour la deuxième étape vers le refuge Jakob. Une première montée d’une heure, une descente dans un pierrier, une deuxième montée dans un désert de caillasse et encore une descente de pierrier pour rejoindre Jakob. C’est minéral, peu de végétation et c’est splendide.

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Nous cramons sous le soleil aux heures les plus chaudes, l’air est sec, beaucoup de poussière dans les pierriers et sur les chemins. Le refuge Jakob est authentique, adossé à une grande roche d’où je décide de sauter dans le lac. C’est cool, on discute avec les autres randonneurs et on se fait prendre en photo par un journaliste de Buenos Aires. En plus, comme cette fois on n’a pas lésiné sur la nourriture, on se fait plaisir : double dose, charcuterie, confiture maison, dulce de lecce… on ne manque de rien.

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A partir de Jakob, nous perdons la moitié des randonneurs car la suite s’annonce plus difficile. Briefing par le gardien du refuge à 9 h et nous partons pour une grosse heure d’escalade… mais sans cordes. Avec mon gros sac, je tâtonne pendant que Mat semble courir devant. C’est un terrain d’aventure, peu de repères, un peu de risque et au sommet un point de vue superbe sur le chemin parcouru et celui qu’il reste à parcourir.

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La suite s’enchaîne bien entre pierriers, arêtes à 2000 m, névés et enfin ultime montée sous le cagnard vers le refuge Laguna Negra.

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Nous y sommes accueillis avec 3 grosses tartines de pain brioché maison et dulce de lecce que nous partageons avec un randonneur… d’Annecy ! Le monde est vaste est si petit à la fois…

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Grisés par cette journée unique, nous décidons de poursuivre la marche pour aller bivouaquer seuls, à 2 h d’ici. Encore un pierrier qui cette fois est sublimé par la lumière du soleil couchant. La lune et déjà levée. On se croirait quelque part entre Mars et la Death Valley.

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Nous arrivons peu avant le crépuscule dans un superbe spot de bivouac, fond de vallée, camp abrité par des arbres, bois sec à profusion et petit ruisseau à proximité.

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C’est le dernier soir en montagne et il nous reste encore plein de bonnes choses à manger. On allume le feu et nous passons une excellente soirée dont on se souviendra. Une sorte d’état de grâce à bientôt 2 mois du début du voyage. La lune nous éclaire comme en plein jour, silence de la nature, amitié, bonheur.

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Et nous voila partis pour la dernière journée. Nous rêvons de nous baigner dans les lacs qui nous attendent, là en bas, mais il nous faudra d’abord grimper un pierrier de 500 m de dénivelé dans se faire ensevelir, et affronter une descente de près de 1000 m en essayant de limiter la casse. Dans ce cas, si tu glisses, il ne vaut mieux pas mettre les mains mais simplement se laisser tomber sur le cul. Mat s’énerve un peu sur un caillou qui ne lui avait pas fait grand-chose.

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Au pied de la descente, un demi-litre de coca et ses 5 grammes de sucre nous requinquent. On arrive en début d’après-midi à Colonia Suiza (une colonie suisse, avec drapeau du Valais et chalets suisses, si, si) où nous nous posons, à 2 pas de la plage. Farniente, bronzage de raie, cerveza et vin (partagés avec la charmante Anna). C’est une belle conclusion pour ce gros kif de 5 jours.

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Le lendemain, nous décidons de nous séparer de nouveau à la sortie de Bariloche. Nous prenons tous les deux la direction du Nord et la route de sietes lagos (7 lacs, ça vous dit qqc ?). Pour ma part, j’ai bien envie d’aller me caler en mode Robinson dans un ptit coin tranquille. Je l’ai trouvé et je vous garde ça pour plus tard.

Un commentaire

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  1. wtmat · mars 2, 2015

    merci à tous les deux de nous faire partager ces beaux paysages et votre bonheur nous les parents de Mat qui ne sont plus tout à fait d’âge à marcher sur vos traces même si cela me fait envie. Pour moi, Gilles, j’aurais aimé une photo de la charmante Anna….
    Cela nous fait oublier un moment les nouvelles du monde qui sont assez sombres du côté du moyen-orient et de l’est de l’Europe (Russie et Ukraine). Certains commentateurs parlent de risques de guerre!!!
    Du coté positif il semble que l’économie de la france à l’aire d’aller un peu mieux.
    Hasta luego